Les températures élevées mettent l’organisme humain à rude épreuve. La chaleur peut provoquer un épuisement et un coup de chaleur et aggraver des maladies existantes telles que les maladies cardiovasculaires, respiratoires, rénales ou psychiques. En outre, la hausse des températures augmente le risque d’infections et de troubles de la cicatrisation. La diminution des performances entraîne des pertes de travail considérables (p. ex. dans le bâtiment, l’agriculture) et des fermetures d’écoles. En Suisse, les vagues de chaleur et certains jours de canicule ont entraîné une augmentation des admissions aux urgences et de la mortalité. Des études montrent qu’à partir de températures maximales journalières de 30°C, le risque de mortalité lié à la chaleur est considérable et augmente fortement à chaque degré supplémentaire. Les nuits tropicales (températures nocturnes de 20°C et plus) constituent un risque supplémentaire pour la santé, car la récupération nocturne est compromise par l’absence de refroidissement. Les personnes les plus touchées sont celles âgées de plus de 75 ans et celles qui ont des antécédents médicaux.

Événements météorologiques extrêmes
La crise climatique entraîne une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes tels que les tempêtes, les incendies de forêt, les inondations et les éboulements, les chutes de pierres et les glissements de terrain. Pendant de tels événements, des personnes peuvent être gravement blessées, voire tuées, et les institutions de santé risquent d’être surchargées. Les événements météorologiques extrêmes représentent donc actuellement en Suisse le risque prioritaire lié au climat.

Le réchauffement climatique est directement lié à la combustion des énergies fossiles, qui non seulement libère chaque année plus de 34 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, mais pollue aussi massivement l’air que nous respirons. Cela entraîne des maladies pulmonaires et cardiovasculaires. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 7 millions de personnes meurent prématurément chaque année dans le monde des suites de la pollution de l’air, dont plus de 3000 en Suisse.

En Suisse, le réchauffement climatique est également responsable d’une plus forte propagation des tiques et des maladies qu’elles transmettent: la borréliose et la méningo-encéphalite verno-estivale (MEVE) sont plus fréquentes et apparaissent également en altitude. Le moustique-tigre asiatique est déjà là: il survit depuis peu au nord des Alpes. Il continuera à se propager avec la hausse des températures et peut transmettre des virus comme la dengue, le chikungunya ou le zika. De même, l’aire de répartition du moustique anophèle, qui transmet le paludisme, s’étendra de plus en plus en Europe avec la hausse des températures.

La crise climatique entraîne un allongement de la saison pollinique, principale cause des allergies respiratoires. Aujourd’hui déjà, MétéoSuisse a constaté un début plus précoce de la saison des pollens de graminées. Une charge pollinique plus élevée et une saison pollinique plus longue ont pour conséquence un renforcement des réactions allergiques ainsi qu’une augmentation du nombre de personnes souffrant d’allergies dans toute la Suisse. Et plus il y a d’allergies, plus il y aura d’utilisation de médicaments inhalés (aérosols), qui sont à leur tour une charge pour l’environnement.

Le réchauffement global de la planète et le manque d’eau qui en résulte entraînent des pertes de récoltes de riz, de maïs et de céréales, et donc des carences et des malnutritions. De plus, la crise climatique accélère également la destruction de la biodiversité: la perte d’insectes pollinisateurs entraîne déjà, dans certains pays, une diminution de l’accès à des aliments sains et réduit ainsi l’espérance de vie des populations.

Les températures élevées ont également un impact négatif sur la santé mentale et sont associées à des troubles de l’humeur et du comportement. Des études menées aux États-Unis et en Australie ont démontré que les vagues de chaleur favorisent l’agressivité et augmentent le taux de criminalité. Des liens ont été établis entre les températures élevées et l’augmentation du risque de suicide, en particulier chez les hommes, ainsi qu’avec le risque d’admissions dans les hôpitaux psychiatriques et de visites aux urgences.

Les enfants, en particulier les jeunes enfants, font partie des personnes les plus touchées par les vagues de chaleur. Des consultations aux urgences et des hospitalisations plus fréquentes en sont la conséquence. En outre, les cuisinières à gaz entraînent des maladies asthmatiques plus fréquentes chez les enfants.

La crise climatique nous concerne tous, mais pas de la même manière. Actuellement, les personnes vivant dans les régions qui émettent le moins de gaz à effet de serre souffrent le plus des conséquences sur la santé. En Suisse aussi, les groupes de population socio-économiquement défavorisés sont les premiers à ressentir les effets du réchauffement climatique. À l’inverse, les personnes aisées qui contribuent davantage au changement climatique peuvent mieux se protéger de ses conséquences. Par exemple, les personnes à faible revenu habitent plus souvent près de routes bruyantes et très fréquentées et sont donc plus touchées par la pollution de l’air et le bruit que les personnes qui peuvent se permettre de vivre dans un quartier calme avec beaucoup d’espaces verts. L’injustice sanitaire se multiplie également au fil des générations : nos enfants et les générations futures souffriront particulièrement des conséquences sanitaires de la destruction écologique causée aujourd’hui, sans en être responsables.